Chapitre 1 : Entre Rêves et Cauchemars (d)

Meetlove

Amanda se précipite vers la porte d'entrée. D'un sourire radieux, elle accueille Anaïs et Sandrine. Nos trois trentenaires surexcitées s’engouffrent dans l’appartement tout en jacassant et en gloussant. La soirée s’annonce prometteuse...

A peine ont elles le temps de poser une fesse sur le vieux canapé orange, vestige de l’époque peu éloignée des études d’Amanda que l’interphone rugit à nouveau : c’est Chloé, la cousine de Sandrine et nouvelle initiée, qui pointe son nez. Voilà l’équipe est à présent au complet et la soirée peut officiellement commencé.

Sandrine et Anais fouillent dans leur sac à main et en sortent cinq petits paquets. Elles en tendent un à chacune des filles présentes. Dans un bruissement de papiers froissés, Nos quatre célibataires ouvrent leur petit paquet et en sorte des bagues bonbons… Pas de celles qu’on trouve dans les confiseries ou les supermarchés…Non non non... Ce sont plutôt le genre de friandises qu’on peut trouver dans un sexe shop… Chaque fille enfile fièrement la bague phallique tandis qu’Amanda sert l’apéritif. Elle tend ensuite un petit papier à Chloé sur lequel figure l’Hymne des Meufettes. Les quatre copines se redressent. Levant leurs verres, elles s’exclament en cœur :

«  Aucun tabou ! On se dit tout mais rien ne sera répéter ! La soirée Meufette peut commencer ! »

Les filles trinquent de bon cœur et boivent une gorgée. Amanda grimace légèrement : elle a eu la main un peu lourde sur le whisky ou peut- être un peu trop légère sur le coca. Après tout peu lui importe, ce soir c’est relâche et tout est permis ou presque. Chloé qui n’a jamais eu les yeux dans sa poches a remarqué un sac sur le bureau de la jeune femme.

« Dis donc Mandou tu renonces enfin à tes culottes cotons ? Ce s’rait pas un sac d’Etam lingerie sur ton bureau ? »

Amanda pour toute réponse se lève et traverse la pièce pour aller récupérer l’objet en question. Il s’agissait bien de lingerie qu’elle avait achetée la veille. Elle tend le sac à Chloé qui s‘en en empare et en vide aussitôt le contenu.

« Effectivement... »  

Le sourcil droit d'Amanda s’arque légèrement tandis qu’elle prend un air coquin en déclarant malicieusement :

« Les filles, j’ai décidé qu’il était temps que je me trouve un chéri… » Elle poursuivit un large sourire aux lèvres «… d’ailleurs cette après-midi, je me suis inscrite sur Meetlove, le site de rencontres par internet gratuit pour les filles… »

Chloé qui venait de sortir un charmant petit ensemble mini-culotte et soutien-gorge rouge framboise laissa échapper un retentissant « QUOI ?! » .  Sandrine manqua de s’étouffer avec sa vodka pomme. Anaïs quant à elle fixait Amanda interloquée. C'est d'ailleurs elle qui fut la plus rapide pour prendre la parole :

« Tu es inscrite sur Meetlove ? ? T’es gonflée, t’aurais pu nous attendre pour le faire, non ? Ben raconte, allez ! Te fais pas prier !»

Amusée par leurs réactions, la jeune femme entame le récit de son aventure meetlovienne. Elle leur parle rapidement de la rencontre avec celui qu’elle avait depuis baptisé Monsieur Printemps. La première rencontre réelle après son inscription : une grande histoire de trois mois qui s’était terminé sur la réflexion typiquement masculine « Je t’aime mais je crois qu‘on devrait juste être amis… Je déteste déjà celui qui va me succéder. ».

Des regards s’échangèrent entre les filles devançant un éclatement de rire général, entrecoupé par Sandrine qui lâcha moqueusement.

« Dire que les mecs nous trouvent compliquées ! »

La liesse générale donna même le courage à Chloé de parler à son tour d’un jeune homme "des plus charmants" selon ses propres termes. Cet individu de sexe opposé se verra quelques semaines plus tard affublé du doux sobriquet de "Vire-moi-ça" après avoir essayé d’emménager chez la gentille Chloé non pas en amoureux en quête d’avenir, mais en parasite grossier et acariâtre. Comme une tique, ayant trouvé une victime à son goût, le sinistre goujat vécut deux mois chez la meufette. Jusqu’ à ce jour de mars où il se retrouva dans la rue au pied de l’immeuble de Chloé en caleçon, son pantalon sur la tête, le reste de ses vêtements serrées contre lui, la demoiselle n’ayant pas vraiment apprécié l’aimable proposition de partie de jambes en l’air à trois faite à Amanda.

Faisant un nouveau bond dans l’espace temps onirique, le brouillard reprit dans la tête d’Amanda. Les images devinrent floues, s’estompèrent… D’autres les remplacèrent… Amanda était à nouveau dans son bain. L‘eau coulait toujours en un divin clapotis régulier... Il serait temps peut-être temps que la jeune femme songe à fermer le robinet. Cependant, elle ne le fit pas : pour rien au monde, elle ne voudrait arrêter cette douce sensation de sérénité absolue dans laquelle elle se trouve. C'est alors que Jeremy entra sans ménagement dans la salle d’eau qu’elle n’a pas fermée à clef. Dans un battements de paupières elle crut voir un sourire radieux sur le visage de son époux, et peut-être une lueur malfaisante dans son regard. Il lui sembla l’entendre dire quelque chose tandis qu‘il coupait l‘eau.

« Encore quelques minutes dans le bouillon… »

Ses paupières se refermèrent tandis que Jeremy lui déposait un baiser sur le front. Sous la mousse épaisse, l’eau teintée de rose était chaude à souhait. Des volutes d’essence de fleurs légèrement ferriques s’en échappaient… Soudain quelqu’un ou quelque chose la sortit de sa plénitude… Que se passait-il donc ?

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