Mina

Nô note : Historiette inachevée... peut-être un jour...

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Mina raccrocha le combiné du téléphone. Du coin de ses yeux sombres, des perles salées roulaient en silence sur sa peau veloutée et venaient mourir sur ses lèvres rosées.  Trop ! C’en était simplement trop !  Encore sous le choc de la discussion qu’elle venait d’avoir, la jeune femme inspira profondément dans un léger sanglot. Elle ferma un court instant les paupières et soupira en songeant qu’entre deux maux il valait mieux choisir le moindre…

" Oui, mais, entre vivre dans la souffrance permanente ou survivre avec un cœur à moitié vide quelle est la meilleure décision ?

Que faire ? Vers qui se tourner ? "

Assise sur le canapé de velours beige, son regard se perdit ensuite dans le néant. Les derniers mots de celle qui lui avait donné la vie tonnaient dans sa tête, comme la foudre gronde un jour de tempête. 

« Je n’ai besoin de personne pour mourir ! »

Une tornade malsaine souleva la poussière des interrogations qui sommeillaient en son sein. Comment avaient-elles pu en arriver là ? Dans un pâle sanglot, la jeune femme se laissa glisser vers les réminiscences des événements des derniers mois. Tout avait pourtant commencé dans la joie : à l'annonce de la grossesse si inespérée de sa soeur ainée, le cœur de Mina avait sauté de joie.

Un sourire mince s’étira timidement en souvenir de la première échographie, celle où l’enfant à venir avait reçu le surnom de ce à quoi il ressemblait le plus : Petit Haricot. Un battement de cils la conduisit presque immédiatement vers les résultats de la deuxième échographie, puis ceux de la troisième… Petit haricot serait une Haricote en fait… Les mots qu'elle avait fébrilement murmurés à cette époque résonnèrent dans sa tête :

" Quelque chose cloche... "

C’est en effet à cet instant qu’un voyant rouge s’était mis à clignoter : l’instinct animal de Mina s’était réveillé sans qu’elle comprenne vraiment pourquoi. Il restait alors à sa soeur trois mois de grossesse...

Le visage de la jeune femme se figea … Les confirmations que cela ne tournait pas rond avec Haricote ne tardèrent pas... Tout s’enchaina très vite … Arriva donc l’heure des sinsitres découvertes… 

 Au milieu du septième mois de grossesse, la sœur de Mina apprit qu’elle était malade, une maladie rare, une saloperie génétique visiblement. L’enfant qu’elle portait se mourrait… Moins d'une semaine après la funeste révélation, la naissance eut lieu, marquée par les sanglots d’une mère endeuillée… Dix jours plus tard, Haricote fut incinérée.

Tandis que les flammes dévoraient le petit corps innocent, la mère de Mina, la grand-mère de l’enfant mort né, piqua un énième scandale. Séparée de son mari depuis plusieurs années, cette femme rongée de méchanceté n’avait eu de cesse de détruire ceux qui l’entouraient. Semblable à une mante religieuse qui se repait de son amant, elle survivait en s’amusant avec ses jouets préférés : ses filles, ses gendres et son ex-mari.

Perfide et cruelle, elle avait l’art et la manière de plomber un terrain fragilisé. Puis, elle s’y engouffrait. Elle parvenait ensuite à se transformer en la parfaite bouée à laquelle se raccrocher. Lorsque l’espoir semblait réapparaitre, tel un ange noir, elle savait comment agir pour vous faire sombrer à nouveau. Mina connaissait bien ce processus pour en avoir été victime deux ans auparavant lors de son divorce. Ainsi était venu le temps des grandes décisions...

" Faut que cela cesse... "

Le choix que la douce Mina s’apprêtait à faire était douloureux mais nécessaire. Les larmes se tarrirent tandis que la jeune femme prenait son irrévocable décision. Dans un souffle léger, sa bouche laissa échapper :

" Puisqu'il faut en arriver en là, alors soit... Tout doit avoir une fin de toute façon... "